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Le lièvre et le baobab

 

Il court dans la brousse, il court dans la brousse, il court dans la brousse. C'est le lièvre ! Et le lièvre il aime courir sous le soleil, il aime voir du pays et avoir chaud, alors il n'est pas pressé de rentrer chez lui même s'il sait qu'un grand verre de lait l'attend chez sa lapine. Alors, il court dans la brousse, il court dans la brousse, mais ce jour là le soleil tape fort, si fort que bientot le lièvre marche dans la brousse, marche dans la brousse... Et finit par s'arréter. Il regarde autour de lui et il ne reconnait rien. L'herbe qui jusqu'ici était haute ici est rare et desséchée, tout est sec et sablonneux, on trouve ici et là les ossements d'animaux égarés.

Maintenant le lièvre se sent très pressé de rentrer chez lui, et de boire le grand verre de lait qui l'attend chez sa lapine. Alors il repart.

 

Il court dans la brousse, il court dans la brousse, mais le soleil tape encore plus fort, bientot il marche dans la brousse, mar-che dans la brousse, mar-che dans la brousse, et s'écroule sur le sol. Il se dit qu'il va finir là, un tas d'ossement de plus dans ce désert, qu'il ne reverra jamais son village et sa lapine...Pensant à elle, dans un dernier effort, il lève les yeux au ciel... Et là il aperçoit tout au loin la silhouette d'un baobab, un arbre immense. Le lièvre sait que les baobabs sont des arbres sacrés, des arbres magiques, alors ça lui redonne du courage.

Il se remet à ramper, puis à marcher, puis à courrir vers le baobab et atteint son ombre, où il se jette de nouveau sur le sol.Il reste longtemps allongé là, profitant de la fraicheur de l'ombre du baobab, ne bougeant que pour la suivre... Il fait bon ici, il se sent ragaillardi, qui sait il parviendra peut-être à repartir et rejoindre son village.

- Merci beaucoup baobab pour ton ombre, je crois qu'elle vient de me sauver la vie ! , dit le lièvre.

 

Alors, tout en haut de l'arbre, les feuilles se mettent à s'agiter. Et il entend une toute petite voix sortir du tronc de l'arbre immense :

 

- Lièvre, tu as aimé mon ombre, peut-être aimerais tu aussi gouter mon fruit ? Tu n'as qu'à me le demander...

 

- Ce serait un honneur pour moi, baobab, s'il te plait, pourrais-je gouter ton fruit ? dit le lièvre en carressant le tronc. A peine il a dit ça, "ploc !" un fruit tombe de l'arbre.

C'est un pain de singe, le fruit du baobab, tout noir et tout dur, pas du tout appétissant. Mais quand le lièvre mord dedans, il se rend compte que ce fruit est gorgé d'eau et de soleil, le pain de singe le raffraichit jusqu'au plus profond de lui même et lui redonne des forces.

 

- Merci beaucoup baobab pour ton fruit, je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon !Et de nouveaux les feuilles s'agitent tout en haut de l'arbre...

 

- Lièvre, si tu as aimé mon fruit, peut être aimerais tu voir mon coeur aussi ? Tu n'as qu'à me le demander...De nouveau le lièvre carresse le tronc...

 

- S'il te plait baobab, pourrais je voir ton coeur ?

 

Le baobab:

 

C'est un arbre africain sacré pour plusieurs cultures, c'est aussi un arbre à palabres qu'il est malvenu ou sacrilège de couper. C’est l’arbre typique de l’Afrique tropicale sèche et l’emblème du Sénégal

A peine le lièvre a dit ça, le sol se met à trembler, et le tronc de l'arbre immense se sépare en deux parties, commençant à s'écarter, jusqu'à ce qu'apparaisse une entrée.

 

- Entre lièvre, tu es le bienvenu.Le lièvre entre à l'intérieur du tronc et il voit de l'or, des diamants, des bijoux par dizaines. Il n'a jamais rien vu d'aussi beau.

 

- Prends, lièvre, prends ce que tu veux...Le lièvre reste longtemps à regarder toutes ces merveilles, puis il choisit juste une petite paire de boucles d'oreille, pour sa lapine. Il remercie le baobab, sort, le remercie encore en le regardant se refermer. Et bien reposé, bien désaltéré, bien raffraichi, plein de force et de courage, le lièvre repart...Il court dans la brousse, il court dans la brousse, il court dans la brousse. Il quitte les herbes rares et desséchées pour là où elles sont hautes. Il court dans la brousse, il court dans la brousse, il court dans la brousse. Et il finit par atteindre son village.Il rentre chez lui, boit le grand verre de lait qui l'attendait chez sa lapine, et lui donne les boucles d'oreilles.Et la lapine fait... Ce que toute femme à sa place aurait fait, après avoir remercié son mari, elle part faire le tour du village pour montrer ses belles boucles d'oreilles...

 

Ce jour là, quand le voisin du lièvre, monsieur hyène, rentre chez lui, le repas n'est pas près, le couvert n'est pas mis, sa femme est assise les bras croisés à l'attendre. Monsieur hyène comprend tout de suite qu'il y a quelque chose qui ne vas pas. Je ne sais pas si vous avez déjà vu une femme hyène assise les bras croisés, mais en général c'est très mauvais signe...

 

- Qu'est ce qui te prend ma chérie ? Pourquoi tu n'as pas fait le repas ? J'ai faim, j'aimerais bien manger, moi...- Tu as vu ce qu'elle a la voisine ?

- Euh... non.

 

- EH BIEN VA VOIR IMBECILE !

 

Monsieur hyène va voir la lapine, la regarde longuement, se demandant d'abord si elle a changé de coiffure ou s'est limé les dents, puis finit par remarquer la belle paire de boucles d'oreilles, et retourne voir sa femme.

 

- La voisine a de belles boucles d'oreilles, et alors ?- Alors... Alors...?! Ca fait combien de temps que tu ne m'as pas fait un cadeau, imbécile ?

 

- Euh... je ne sais pas. J'ai dù euh... te donner un os un peu avant notre marriage... Il y a euh...

 

- Dix ans !!! Et tu crois que c'est suffisant ? Chéri, je ne te ferai plus la cuisine tant que tu ne m'auras pas ramené des boucles d'oreilles identiques, et des bracelets, et un collier assortis.

 

- Mais où est ce que je vais trouver tout ça ? - Débrouille toi ! Monsieur hyène va alors trouver le lièvre pour lui demander où il a trouvé d'aussi belles boucles d'oreilles pour sa femme. Et le lièvre lui raconte tout, la brousse, qui se transforme en désert, au loin le baobab, son ombre, son fruit, son coeur...A peine il a tout entendu, monsieur hyène repasse chez lui prendre un petit objet, et part en courrant dans la brousse.Il court dans la brousse, il court dans la brousse, il court dans la brousse... Allant là où elle ressemble de plus en plus à un déser.Il court dans la brousse, il court dans la brousse, mais le soleil tape fort, si fort que bientot monsieur hyène marche dans la brousse, marche dans la brousse, marche dans la brousse, et finit par s'effondrer.Alors il lève les yeux au ciel, et aperçoit au loin... le baobab ! Il sort de sa poche la gourde qu'il était passé prendre chez lui, en boit une bonne lampée pour se redonner du courage, et se remet à marcher, puis à courrir, jusqu'à l'ombre du baobab.- Merci beaucoup baobab pour ton ombre !

 

- Hyène, tu as aimé mon ombre...

 

- Oui et j'aimerais bien aussi gouter ton fruit !A peine il a dit ça, "ploc !" un pain de singe tombe de l'arbre. C'est un fruit tout noir, tout dur, pas du tout appétissant, en plus monsieur hyène préfère nettement la viande... Il le mordille, fait semblant d'en manger un morceau, et se débarasse discrètement du reste...

 

- Merci beaucoup baobab pour ton fruit ! Pourrais-je s'il te plait voir ton coeur aussi ?Le baobab hésite un peu, on ne lui a jamais demandé les choses de la sorte... Mais finalement le sol se met à trembler, et le tronc de l'arbre immense se sépare en deux parties, commençant à s'écarter, jusqu'à ce qu'apparaisse une entrée. Monsieur hyène rentre dedans, et voit tout l'or, tous les bijoux, tout les diamants... Et commence à se remplir les poches...

 

- Tout cet or, tous ces diamants... C'est merveilleux ! On est riches !! Il faudra qu'on revienne avec un chariot, ma femme et moi, avec un camion, qu'on puisse tout emporter !!!

 

Mais le baobab n'a pas envie qu'on lui prenne tout ce qu'il y a dans son coeur, et "bang" il se referme brutalement sur monsieur hyène, qui finit broyé.

 

Et on dit que depuis ce temps là, les hyènes ne lèvent jamais les yeux au ciel, elles restent le regard sur le sol, et ne mangent que des cadavres. On dit aussi que jadis le coeur des hommes était comme un baobab, mais comme on dit "chacun sa hyène".

Le pain de singe: fruit du baobab

Une hyène

 

 

Notes:

 

Les femmes d'animaux mauvais ont rarement le beau rôle dans les contes africains, tandis que leurs maris apparaissent surtout comme soumis. C'est un peu une constante dans ces histoires, l'épouse jalouse symbolise l'avidité des personnages à laquelle cèdent des "méchants", qui sont surtout faibles.

FIN

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